Obsolescence programmée

L'obsolescence programmée consiste à créer un bien en prévoyant à l'avance sa date de désuétude. Par ce procédé, les fabricants conçoivent des objets dont la durée de vie commerciale est délibérément courte.


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Page(s) en rapport avec ce sujet :

  • ... Crise des rivières mondiales, obsolescence programmée, villes et canicule... (réutilisation et recyclage des produits) ou l'éco-conception... (source : humains-associes)
  • ... rapport "L'obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage. Le cas des produits électriques et électroniques" Amis de la Terre... (source : adrienfourmon.blogspot)
  • ... programmée, symbole de la société du gaspillage. Le cas des produits électriques et électroniques».... Rapport obsolescence programmée... (source : hns-info)

L'obsolescence programmée (ou la désuétude planifiée) consiste à créer un bien en prévoyant à l'avance sa date de désuétude. Par ce procédé, les fabricants conçoivent des objets dont la durée de vie commerciale (mais pas obligatoirement la durée de vie technique) est délibérément courte. Ce stratagème oblige les consommateurs remplacer rapidement leurs produits, et par conséquent, à acheter de la nouvelle marchandise. Occasionnellemen, les fabricants ajoutent sciemment des défauts de conception à leurs produits.

Cette technique est spécifiquement utilisée par les constructeurs d'appareils électroménagers, d'ordinateurs et leurs périphériques, de logiciels, d'appareils avec un cordon électrique, de machines avec un roulement à bille, d'automobiles, d'appareils électroniques, d'appareils domestiques et d'appareils qui requièrent l'utilisation d'une recharge quelconque.

Principe

L'obsolescence programmée regroupe la totalité des techniques visant à diminuer la durée de vie d'un produit afin d'en augmenter le taux de remplacement. Cette demande profitera au producteur... ou à ses concurrents. Le secteur bénéficie alors d'une production plus importante, stimulant les gains de productivité (économies d'échelle) et le progrès technique (qui accélère l'obsolescence des produits antérieurs).

Cette stratégie n'est pas sans risques : elle implique un effort de recherche et développement, n'allant pas forcément dans le sens d'un progrès du produit. Qui plus est , elle fait courir un risque à la réputation du fabricant (son image de marque)  ; enfin, elle implique un pari sur les parts de marché futures de la firme (sur les produits de remplacement).

Histoire

L'expression «obsolescence programmée» («planned obsolescence» en anglais) est apparue en 1932 aux États-Unis[1] et prend son essor au milieu des années 1950. Elle est alors popularisée par le dessinateur industriel Brooks Stevens.

Dans les années 1960, l'expression devient courante. Le constructeur automobile Volkswagen lance une campagne de publicité sur ce thème.

Différents types d'obsolescence programmée

Il existe différentes variantes d'obsolescence programmée. Certaines impliquent d'ajouter sciemment des défauts de conception au produit vendu (il ne s'agit pas alors à proprement parler d'obsolescence, mais de défectuosité) ; d'autres formes plus psychologiques tentent plutôt de dévaloriser l'image du produit auprès des consommateurs. Voici un tour d'horizon non exhaustif des mécanismes utilisés par les industriels.

Défaut fonctionnel

Quand cette pièce de fonctionne plus, la totalité du produit devient inutilisable. Le coût de réparation, constitué du prix de la pièce de remplacement, du coût de la main d'œuvre et des frais de transport, est alors supérieur au prix d'un appareil neuf vendu dans le commerce. Il devient alors onéreux de vouloir réparer l'appareil endommagé. L'utilisation de plastique au lieu du métal fera en sorte que le produit se brisera plus aisément.

Obsolescence par péremption

Certains produits possèdent une date de péremption à partir de laquelle ils sont annoncés comme «périmés». Cela s'applique essentiellement aux aliments ainsi qu'aux boissons, qui ont une date limite de consommation ou une date limite d'utilisation optimale, ainsi qu'aux produits cosmétiques, pharmaceutiques et chimiques. Cependant occasionnellemen, les produits restent utilisables après cette date.
A titre d'exemple, un aliment ayant une DLUO risque de voir ses qualités organoleptiques diminuées au-delà de la date indiquée, tout en restant consommable sans risque pour la santé. Une DLC est par contre plus stricte, car elle indique un risque pour la santé du consommateur s'il utilise le produit au-delà.

Obsolescence indirecte

Certains produits deviennent obsolètes tandis qu'ils sont complètement fonctionnels de par le fait que les produits associés ne sont pas ou plus disponibles sur le marché. C'est le type d'obsolescence programée le plus courant en ce qui concerne les téléphones mobiles : un téléphone en parfait état devient inutilisable quand sa pile ou son chargeur ne sont plus offerts sur le marché. De la même façon certaines imprimantes deviennent de facto obsolètes quand le fabricant cesse de produire les cartouches d'encre spécifiques à ces modèles. On peut aussi citer l'exemple d'un vieux moteur de voiture rendu inutilisable du simple fait qu'il est impossible des trouver des pièces de rechange. Sans parler des traceurs à plumes dont la majorité fonctionnent toujours idéalement, mais dont les outils de traçage ne sont plus fabriqués.

L'arrêt de la production de pièces détachées est un levier puissant à la disposition des industriels. Le choix d'abandonner la production ou la commercialisation des produits annexes (cartouches, pièces détachées, batteries, etc. ) complique la tache de maintenance et de réparation, jusqu'à la rendre impossible.

Cette pratique ne se limite pas aux produits consommables ainsi qu'aux pièces dérivés. Le même mécanisme d'obsolescence indirecte est envisageable aussi pour l'industrie des services et des logiciels. A titre d'exemple, en juillet 2006 Microsoft abandonne le service de support et de maintenance corrective pour les logiciels Windows 98 et Millenium[2]. Cette décision implique que depuis cette date les bugs et les failles de sécurité ne sont plus corrigées par Microsoft. Par cette mesure, Microsoft tente d'inciter ses clients à acheter la nouvelle version de son logiciel.

Obsolescence par notification

Proche de l'obsolescence indirecte, l'obsolescence par notification est une forme évoluée d'"auto-péremption". Elle consiste à concevoir un produit pour qu'il puisse signaler à l'utilisateur qu'il est indispensable de réparer ou de remplacer, en tout ou en partie, l'appareil. On peut citer l'exemple des imprimantes qui avertissent l'utilisateur quand les cartouches d'encre sont vides. En soi ce mécanisme n'est pas un mécanisme d'obsolescence. Cependant si les cartouches ne sont pas totalement vides quand le signal est émis, il s'agit bel et bien d'une obsolescence programmée de la cartouche.

L'aspect insidieux de ce type de péremption forcée réside dans l'interaction entre deux produits : dans l'exemple de l'imprimante, un produit "consommable" (la cartouche) est déclaré obsolète par un autre produit (l'imprimante elle-même). Cette technique est plus efficace quand le constructeur produit à la fois la machine et les recharges.

On peut aussi noter le cas d'imprimantes affichant un message d'erreur bloquant leur fonctionnement régulier ("réservoir d'encre usagée plein") pour lequel le fabricant n'assure aucun service et invite a renouveler le matériel. L'utilisateur se retrouve ainsi avec une imprimante qui ne fonctionne plus, et il ne peut aller au-delà de ce message. L'imprimante s'est ainsi rendue inutilisable elle-même, et l'utilisateur est contraint de renouveler son matériel.

Obsolescence par incompatibilités

Essentiellement observée dans le secteur de l'informatique, cette technique vise à rendre un produit inutile par le fait qu'il n'est plus compatible avec les versions ultérieures. Dans le cas d'un logiciel, le changement de format de fichier entre deux versions successives d'un même programme suffira à rendre les anciennes versions obsolètes puisque non compatibles avec le nouveau standard.

Les changements de formats ou de standards sont fréquemment nécessaires pour prendre en compte les innovations d'un produit. Cependant ils peuvent aussi être créés artificiellement.

Obsolescence esthétique

Certains produits (surtout les chaussures et les vêtements) subissent une obsolescence subjective. Les modes vestimentaires et les critères d'élégance évoluent rapidement, et les vêtements perdent leur valeur simplement parce qu'ils ne sont plus «à la mode». Certains fabricants exploitent ce principe en lançant des opérations marketing et des campagnes publicitaires dont l'objectif est de créer des modes et d'en discréditer d'autres.

Modèle économique

Les techniques d'obsolescence programmée reposent sur deux principes fondamentaux :

Il existe cependant des exceptions notables à ces deux principes. Occasionnellemen, le consommateur est idéalement conscient de la durée de vie limitée et dispose de plus d'une offre concurrentielle. L'exemple du sapin de Noël est révélateur : la majorité des acheteurs de sapins savent pertinemment que l'arbre qu'ils achètent est promis à une mort rapide et certaine. Le choix d'acheter un produit jetable est alors fait en toute connaissance de cause car il se base sur des critères économiques à court terme. Acheter un sapin «jetable» est un bon choix économique si on fait abstraction des coûts externes (déchets, épuisement des ressources naturelles, transport).

Les défenseurs de l'obsolescence programmée avancent que cette technique dynamise le marché et créée des conditions favorables aux entreprises innovantes. Connaître (et provoquer) la fin de vie d'un produit permet d'anticiper et prévoir l'évolution des ventes sur le long terme, ce qui diminué les risques économiques et par conséquent favorise la planification des investissements industriels.

À l'inverse, les opposants à ces techniques considèrent que la péremption rapide des produits est le pendant de l'industrie de masse. Pour ceux-ci, l'obsolescence est le revers de la médaille du progrès technologique tel qu'il est conçu aujourd'hui.

L'un des secteurs les plus soumis à l'obsolescence est la production de microprocesseurs pour les ordinateurs personnels. Ce marché est dominé par deux constructeurs mondiaux. En effet la production de microprocesseurs est soumise à la loi de Moore qui prédit qu'il y a un intérêt économique au contrôle de la demande par répartition distillée de l'offre. En effet, la miniaturisation progresse habituellement grâce à des découvertes ainsi qu'à des optimisations ponctuelles. En maîtrisant dans le temps la diffusion des applications technologiques nouvelles, il est envisageable que les géants des semi-conducteurs définissent eux-mêmes un modèle stable de consommation et s'assurent ainsi d'une correspondance entre leurs efforts d'innovation et les désirs de renouvellements de leur clientèle. L'autolimitation de l'offre obligerait ainsi les consommateurs à mettre à jour régulièrement leur matériel. Pour être effective, il faut néanmoins qu'une telle autolimitation de l'offre puisse s'appuyer sur une cartellisation forte du marché ainsi qu'à brider l'innovation pour assurer une rente à la totalité du secteur concerné.

De plus, les constructeurs pour s'assurer de pouvoir écouler leur production se basent sur un accord tacite avec les éditeurs de logiciels. En effet ceux -ci mettent en place des mécanismes qui bloquent quelquefois l'installation de leurs logiciels sur des ordinateurs anciens ou de faible puissance. Ces ordinateurs quoique idéalement fonctionnels sont par conséquent rendus obsolètes par le fait que les nouvelles versions imposent des critères de performance trop élevés.

Réciproquement les constructeurs informatiques offrent fréquemment les dernières versions pré-installées de certains logiciels pour chaque achat de matériel. Ils augmentent ainsi le degré de péremption des versions antérieures.

Le phénomène d'obsolescence planifiée n'est pas une stratégie mais un corollaire de la production de masse. Elle fait partie intégrante du modèle économique de l'industrie actuelle. Ainsi il est certain que si les constructeurs informatiques proposaient des ordinateurs plus chers et plus résistants (disposant par exemple d'une espérance de vie de 10 ans) c'est la totalité de l'industrie qui serait profondément remis en cause.

Pour l'historien et critique social Christopher Lasch, qui constate que «la spéculation financière est devenue énormément plus rentable que la production, et la production elle-même est dirigée par des stratégies marketing reposant sur la technique bien connue de l'obsolescence programmée», «l'idéal de la publicité est un univers de biens jetables, où on se débarrasse de choses dès qu'elles ont perdu leur attrait d'origine. Que quoi que ce soit doive être réparé, rénové ou remplacé est une notion étrangère à l'éthique publicitaire»[3].

Notes et références

  1. Giles Slade, Review : Made to Break, 8 octobre 2006 [ (en)  lire en ligne  (page consultée le 3 décembre 2007) ]
  2. Julie de Meslon, Microsoft tire un trait sur Windows 98 et Millenium dans 01net le 10 juillet 2006 [lire en ligne  (page consultée le 3 décembre 2007) ]
  3. Christopher Lasch, Les femmes et la vie ordinaire (1997), Climats, 2006, p. 164-165.

Voir aussi

Liens externes

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